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souvenir quand tu nous tiens !
vous souvient il de ce merveilleux texte d'Anatole France, sur la rentrée???
Anatole FRANCE ... traversant le jardin du Luxembourg :
" Je vais vous dire ce que me rappellent, tous les ans, le ciel agité de l'automne et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent, je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d'octobre, alors qu'il est un peu triste et plus beau que jamais, car c'est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce ce que je vois dans ce jardin, c'est un petit bonhomme qui, les mains dans ses poches et sa gibecière au dos, s'en va au collège en sautillant comme un oiseau. Ma pensée seule le voit, car ce petit bonhomme est une ombre : c'est l'ombre du moi que j'étais il y a vingt cinq ans.
...Maintenant qu'il n'est plus, je l'aime bien. Il était bien étourdi, mais il n'était pas méchant et je dois lui rendre cette justice qu'il ne m'a pas laissé un seul mauvais souvenir. Il est bien naturel que je le regrette ... et que mon esprit s'amuse à en ranimer son souvenir.
Il y a vingt cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures, ce beau jardin pour aller en classe. Il avait le coeur un peu serré : c'était la rentrée.
Pourtant, il trottait, ses livres sur son dos et sa toupie dans sa poche. L'idée de revoir ses camarades lui remettait de la joie au coeur. Il avait tant de choses à dire et à entendre ! ... Et puis c'est si bon de retrouver des camarades.
Combien il lui tardait de revoir Fontanet qui, pas plus gros qu'un rat et plus ingénieux qu' Ulysse, prenait partout la première place avec une grâce naturelle ! ...
C'est ainsi qu'il traversait le Luxembourg, dans l'air frais du matin.
Tout ce qu'il voyait alors, je le vois aujourd'hui. C'est le même ciel et la même terre ! Lui seul n'est plus.
... C'est pourquoi, à mesure que je vieillis, je m'interesse de plus en plus à la rentrée des classes ...".
Bonne fin d'été ... et très bonne rentrée !
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Commentaires
ben oui passke en fête,j'ai jamais traversé le Luxembourg...L'Espagne plusieurs fois ,la Belgique j'y vais juste pour chercher des bières.
Et le petit bonhomme que j'étais en 1957 ne sautillait pas,il cavalait plutôt pask'il avait trois bornes à tirer à pinces et qu'il était souvent à la bourre
ben oui !!!!! comme beaucoup a cette époque.....mais justement, t'as jamais appris ça dans ton école.......drôle car c'est a peu près en 1957 que j'ai dû me mettre ça dans le crâne, et ça n'en est plus ressorti !!!!!!!même si je ne traversais pas le luxembourg
l'ombre de la jeunesse ... pourvu qu'elle nous accompagne jusqu'au bout du chemin !
amitié .
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Très beau texte qui met la larme à l’œil : Nous sommes tous ce petit bonhomme, même si nous ne traversons pas le Luxembourg. L'automne, la saison où les couleurs chatoient avant que les feuilles n'échouent sur la terre. Anatole France devait avoir la trentaine environ. Et déjà nostalgique du passé, de l'enfance. Comme s'il était déjà vieux... C'est plutôt rare cette posture à cet âge-là. Cependant, il a bien fait d'écrire ce très beau passage de l'enfant se rendant à l'école : qui de nous n'a pas de souvenirs émus de cette époque (qui s'éloigne de plus en plus et qu'on regrette sans le dire) ?