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en souvenirs de ces jeunes gars de 14/18 mort pour les industriels.......
c'est juste ce très beau poème de jacques Prévert, il s'intitule "aux champs", j'en retranscris juste la fin , mais vous pouvez l'avoir en entier sur "google'
mais on ne voit jamais
l’image simple et vraie
le travailleur en sueur et fauché comme les blés
c’est triste
c’est regrettable
mais les gerbes sont liées
le travailleur aussi
avec leurs grands billets les grands favorisés
se sont payé sa tête
et son corps tout entier
avec tout le travail de toutes ses années
toutes les gerbes sont liées
chaque grain est compté
chaque geste capté
chaque fleur arrachée
le blé monte et descend
en même temps que l’argent
en même temps que le sucre
en même temps que l’acier
et le compte du travailleur
est sagement réglé
à l’octroi de Profit
la guerre est déclarée
et sur la terre encore fraîchement remuée
dans les ruines des villes par eux-mêmes bâties
ceux qui étaient les plus vivants et les plus forts
les plus gais
les meilleurs
restent là immobiles couchés aux champs d’honneur
la tête dans la mort et la fleur au fusil
la mémorable fleur de leur si simple vie
et la fleur à son tour
doucement se pourrit
la fleur des amours la fleur des amis
et sur ce champ d’honneur
d’honneurs et de profits
un peu plus tard
sur ce champ d’honneur soigneusement nivelé
toute seule
la fleur artificielle
la rose invraisemblable
la fleur à faire vomir
la fleur à faire hurler
la veuve inconsolable du Président untel
blême et rose chou-fleur atrocement greffé
ignoble végétal stupidement simulé
encore une fois
de force
et avec le concours assuré de la musique militaire
est accrochée épinglée rivée
à la boutonnière de la terre
de la terre abîmée
de la terre solitaire
de la terre saccagée bafouée et désolée
désespérée
endimanchée.1936
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Commentaires
Poème à la fois simple et magnifique. Qui sait dire la pensée de son auteur. Mais les mots sagement alignés, ligne après ligne, expriment à la fois la tristesse, le désespoir, la colère et le dégoût. A cause de la folie des hommes et de leur besoin de pouvoir. Les massacrés ont obéi parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix, parce qu'on leur avait menti, on leur avait fait croire que... Ah le blabla des hommes... ! Merci à Prévert d'avoir su faire renaître ces vieux fantômes d'une guerre innommable. Et merci à toi de l'avoir exhumée pour nous en faire ressentir toute l'atrocité et l'injustice.
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et les temps semblent propices à vouloir tout recommencer ...
amitié .