• Même si l’heure est parfois à la désespérance

    Attendu que la frime gouverne et fait sa loi
    Même si les années dans lesquelles on s’avance
    Ont la couleur du triste et du chacun pour soi
    Même si le bonheur n’est plus une évidence
    Mais semble s’éloigner à chacun de nos pas
    Même si l’on me dit que c’est perdu d’avance
    Que le monde est ainsi et qu’on n’a pas le choix
    Je me bats

    Même si maintenant c’est être en résistance
    C’est risquer d’être seul que d’élever la voix
    Pour dire sans relâche l’incroyable arrogance
    Des plus riches que tous, des maîtres d’ici-bas
    Même si le normal, c’est l’infinie souffrance
    Des enfants décharnés aux yeux vidés sans joie
    Même si le correct se nomme indifférence
    Même s’ils parlent fort ceux qui baissent les bras
    Je me bats

    Je suis d’un temps d’espoir d’un temps de délivrance
    Où l’on osait rêver, et les peuples là-bas
    Faisaient tomber leurs chaînes et brisaient le silence
    Ô les jolis printemps au parfum de lilas
    Devant nous se levaient des matins d’innocence
    Plus jamais il n’y aurait d’humiliés, de parias
    Plus jamais l’esclavage et plus de violence
    N’était-ce pas simplement raison, dites-moi ?
    Je me bats

    Aujourd’hui les passants sous les néons sinistres
    Vont chacun dans leur bulle et pressent un peu le pas
    Les voyous brassent l’or, les bornés sont ministres
    Et l’on met chapeau bas devant les renégats
    L’époque est au commerce, l’époque est aux combines
    L’homme n’est plus qu’un objet que la finance broie
    Le futile et l’idiot remplissent des vitrines
    Cependant qu’au lointain ricane l’argent roi
    Je me bats

    Avec mes pauvres mots qui sont mes seules armes
    Avec les sacrifiés les vaincus d’autrefois
    Tous ceux qui n’avaient rien que leur sang et leurs larmes
    Les mineurs les canules les pioupious les sans-droit
    Avec les femmes usées, petites sœurs de misère
    Des bas quartiers de boue où se terrent les rats
    Avec tous ceux d’ici qu’habite la colère
    Avec les méprisés et ceux qui n’oublient pas
    Je me bats

    Si longtemps que j’aurai la force, qu’on le sache
    De me tenir debout, de chanter, d’être là
    Tant qu’il me restera une once de panache
    Tant que dans mes veines un sang rouge coulera
    Je me battrai encore et toujours et sans cesse
    Pour saluer la vie qui palpite et qui bat
    Et quand je m’en irai, ce sera sans tristesse
    Puisque d’autres viendront qui diront après moi
    Je me bats, je me bats

    Michel Bühler © 2012


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